Lundi 3 juillet 2006, à 20h45 salle François Lods au collège cévenol du Chambon-sur-Lignon

La Montagne des origines aux Huguenots puis aux Camisards (des origines à 1787)

Par François BOULET

Cette conférence est la première d’un cycle de trois conférences-débats sous les auspices de la Société d’Histoire de la Montagne : Histoire de la Montagne des origines à nos jours. Le but de ces trois conférences-débats est de réaliser une histoire « rétrospective » de la Montagne, si nécessaire pour mieux comprendre son histoire contemporaine. Il faut remonter en amont jusqu’aux origines de cette humble humanité ou de cette exigeante spiritualité. L’explication de la montagne-refuge-type sous l’Occupation mérite un travail d’explication historique et géographique sur le temps long que nous vous proposons. La bibliographie est ample et doit être lue plume à la main. Les archives sont importantes à tous niveaux et à toutes échelles, notamment à la Société d’Histoire de la Montagne, aux différents archives départementales (Haute-Loire, Ardèche, Hérault), jusqu’aux archives nationales. L’objectif est de réaliser sous forme de trois conférences-débats, une synthèse d’ « Histoire de la Montagne », essentiellement de la Réforme à la Seconde Guerre mondiale, avec les acquis récents de l’historiographie.


Mercredi 26 Juillet 2006, à 20h45 salle des Arts et de la culture à Saint-Agrève

La Séparation de 1905

Par Jacqueline LALOUETTE

Normalienne et agrégée d’histoire, Jacqueline Lalouette a été chargée de recherche au CNRS au Centre de recherche sur l’histoire du XIXème siècle et a enseigné à l‘Université Blaise Pascal de Clermont-Ferrand. Elle est actuellement Professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Paris XIII. Elle a soutenu en Sorbonne en novembre 1994 une thèse de doctorat d’Etat sur Les Mouvements de la Libre Pensée en France pendant la Troisième République (1870-1940), sous la direction de Maurice Agulhon. Sa thèse a été publiée sous le titre La Libre Pensée en France 1848-1940 chez Albin Michel en 1997. Autres publications, en co-direction : J.Lalouette, C.Lefevre Vive le son Vive le son. 40 chants de la période révolutionnaire, Edition J.M.Fuzeau, Courlay, 1988. A.Corbin, J.Lalouette, M.Riot-Sarcey Femmes dans la cité 1815-1871. Actes du colloque de novembre 1992 organisé par la Société d’histoire de la Révolution de 1848 et des révolutions du XIXème siècle de l’Université de Paris  I, Creaphis, Grâne. Elle a publié récemment un article intitulé « Laïcité et séparation des Eglises et de l’Etat : esquisse d’un bilan historiographique (2003-2005) » dans la Revue Historique, n°636, octobre 2005, pages 849 à 870.

Dans la continuité de ses recherches sur les mouvements de la Libre Pensée en France, dont elle est une spécialiste reconnue et incontestée, la conférence qu’elle donnera à Saint-Agrève le 26 juillet prochain sur la loi de séparation des Eglises et de l’Etat de 1905 comprendra deux volets : la première partie sera consacrée à l’évocation du contexte historique du vote de la loi de séparation, depuis l’affaire Dreyfus ; la seconde, plus tournée vers l’histoire des idées politiques, traitera de la philosophie de la loi et du caractère spécifique de la conception française de la laïcité.  


Vendredi 21 juillet 2006 à 18 h à la librairie La Boîte à Soleil, à Tence

Les Résistances sur le Plateau Vivarais-Lignon, 1938-1945

Par Michel FABREGUET, Président de la SHM, en présence de l'éditeur

Présentation de l'ouvrage "Les Résistances sur le Plateau Vivarais-Lignon, 1938-1945", édité par les Editions du Roure.


Vendredi 25 Août 2006, à 14h30 au temple du Mazet-Saint-Voy

Autorité, tolérance et pluralisme dans l'histoire de France du XVIe siècle à nos jours

Par Patrick CABANEL

Suivi à 16h30 du vernissage de l'exposition : «L’ECOLE AU MAZET SOUS LA TROISIEME REPUBLIQUE » (Reconstitution d’une salle de classe )

A 20H30, concert de Jany Demaude sur des airs de Mozart, à l'église de Saint-Voy. Organisé en liaison des "Amis de Saint-Voy". Libre participation.
 


Dimanche 27 août 2006, à partir de 14 h, salle François Lods au collège cévenol du Chambon-sur-Lignon

Les Pensées et les Pratiques génocidaires

1. TABLE RONDE : Le cas du Rwanda

Avec la participation de : Nicolas AGOSTINI

Nicolas Agostini est né en 1982. Il est licencié en droit de l’Université de Nancy II (2003) et diplômé de l’IEP de Strasbourg, filière de l’administration publique (2005). Sa communication reprendra pour l’essentiel le contenu de son mémoire de fin d’études à l’IEP de Strasbourg sur La Pensée politique des génocidaires hutus, préparé sous la direction de Michel Fabréguet, et qui doit être prochainement publié par les Editions l’Harmattan.

Rwanda, printemps 1994. Un million de personnes sont tuées en à peine cent jours, emportées par une vague de violence extrême à laquelle prennent part plusieurs centaines de milliers d’individus, à des échelons divers. Sans occulter l’importance des effets de foule, il est essentiel pour tenter d’appréhender le génocide des Tutsis du Rwanda de se pencher sur les motivations des acteurs impliqués. S’il arrive qu’un meurtre soit commis gratuitement, un million de personnes ne sont pas assassinées sans raison. Il faut donc s’interroger sur ce qui a poussé des individus a priori normaux à se transformer en criminels. À ce titre, l’analyse de la pensée politique les ayant animés paraît indispensable.

 L’élément le plus « remarquable » de l’idéologie extrémiste hutue est sans doute sa dimension « démocratique ». La population rwandaise, scindée de façon manichéenne entre une majorité de « bons Hutus » et une minorité de « mauvais Tutsis », va être présentée comme pervertie de l’intérieur par une « race des seigneurs » exploiteuse de la masse des citoyens hutus. La peur des Tutsis justifiant les violences à leur encontre, le génocide va progressivement être présenté non comme une simple contingence, mais comme une issue inévitable et salutaire pour le peuple hutu. D’où une participation populaire massive à la commission des violences, celles-ci étant dépeintes comme un devoir incombant à tout « bon Hutu ». Au Rwanda, c’est très clairement un langage démocratique qui a été employé et l’on a fait appel aux masses afin de légitimer une entreprise criminelle. C’est ce qui singularise la pensée extrémiste hutue des autres pensées politiques génocidaires.

Lire compte-rendu dans le journal La Tribune-Le Progrès du 30 août 2006 (96 ko)

Avec la participation de : Cécile GRENIER

Cécile Grenier, opératrice de prise de vue, est allée enquêter au Rwanda pendant sept mois entre 2002 et 2003. Revenue avec plus de quarante heures de témoignages sur le génocide des Tutsi, elle propose à un ami scénariste de BD un projet d’album qui se veut une autre voie de témoignage que le documentaire audiovisuel pour lequel elle est partie dans les collines rwandaises. De cette collaboration est né, au bout de deux ans, le premier album d’un diptyque : Rwanda 1994 (tome 1) « Descente en enfer », Albin Michel (BD), 2005 et Rwanda 1994 (tome 2), à paraître en octobre ou en novembre 2006. Elle réalise actuellement un documentaire sur le rôle de la France au Rwanda.

Son intervention du 27 août sera centrée sur les thèmes suivants : une brève histoire du Rwanda de la royauté au génocide en passant par la colonisation, comment s’est passé le génocide et comment en est-on arrivé à tuer ses propres enfants, le besoin des survivants de témoigner et d’être reconnus : ce qu’on m’a raconté, les rencontres au cœur des collines : les témoignages de tous bords, le rôle de la France en particulier et celui de la communauté internationale en général, l’histoire de cette enquête/quête si personnelle et tellement universelle et l’expérience d’une enquête face au révisionnisme et au négationnisme, les conséquences de ce génocide, les enjeux et les « suites » visibles aujourd’hui.

Avec la participation de : Yolande MUKAGASANA

Yolande Mukagasana est née au Rwanda en 1954. Elle a été infirmière anesthésiste pendant dix-neuf ans au centre hospitalier de Kigali, puis infirmière en chef d'un dispensaire privé qu'elle avait ouvert à Kigali, jusqu'en 1994. Victime des massacres qui dévastèrent alors son pays, elle survécut toutefois au génocide des Tutsi — et des Hutu ayant refusé l'idéologie qui y présida — mais perdit ses trois enfants, son mari, son frère et ses sœurs. Réfugiée en Belgique, elle a été naturalisée en 1999.

Actuellement (2003) elle a adopté trois de ses nièces orphelines et elle s'occupe d'une vingtaine d'orphelins au Rwanda. Elle a publié deux ouvrages autobiographiques et des contes (La mort ne veut pas de moi. [Avec Patrick May]. Paris, Fixot, 1997, N'aie pas peur de savoir - Rwanda: une rescapée tutsi raconte. Paris, J'ai lu, 1999, Les Blessures du silence. Témoignages du génocide au Rwanda. [Avec des photographies d'Alain Kazinierakis] Arles, Actes Sud et Médecins sans frontières, 2001, De bouche à oreille Paris, Editions Menaibuc, 2003, 2 volumes). Elle a également coécrit, avec le Groupov, la pièce de théâtre Rwanda 94.


2. CONFERENCE : « Comprendre » notre barbarie ?

Par Jacques SÉMELIN

Politologue et historien, Jacques Sémelin est directeur de recherche au CNRS, au Centre d’études et de recherches internationales, et Professeur à l’IEP de Paris. C’est un spécialiste reconnu sur le plan international des problèmes de la résistance civile, des violences extrêmes et des meurtres de masse. Il a publié, entre autres, Sans armes face à Hitler. La résistance civile en Europe, 1939-1943 chez Payot en 1989, ouvrage dans lequel il a justement introduit la notion de « résistance civile » pour qualifier la résistance spontanée de certains acteurs de la société civile et de l’Etat, rompant avec les représentations « héroïsantes » de la lutte contre l’occupant nazi, pour appréhender une résistance du quotidien, des humbles et des anonymes. Son dernier ouvrage, Purifier et détruire. Usages politiques des massacres et génocides, paru au Seuil en 2005, propose une approche résolument interdisciplinaire et comparative pour tenter de « penser » les processus de violence qui aboutissent aux massacres et aux génocides à l’époque moderne. L’auteur a fondé son enquête sur plusieurs exemples : la Shoah, les nettoyages ethniques dans l’ex-Yougoslavie, le génocide des Tutsis au Rwanda ou encore les génocides arménien et cambodgien. Jacques Sémelin dirige actuellement le projet international d’une encyclopédie des massacres et génocides.

Jacques Sémelin a déjà eu l’occasion de se rendre à plusieurs reprises sur le Plateau Vivarais Lignon. Il a participé en qualité d’expert des problèmes de la résistance civile aux travaux du comité scientifique constitué à l’initiative du Sivom Vivarais Lignon autour du projet de centre muséal du Chambon-sur-Lignon au début des années 2000. Il est également intervenu au Chambon à l‘occasion des journées d’études de juillet 2002, organisées par la SHM en partenariat avec l’Association internationale des musées d’histoire et le Sivom Vivarais Lignon, avec une communication qui avait pour titre : « Résistance civile et sauvetage en Europe : réflexions comparatives ».

Lire compte-rendu dans le journal La Tribune-Le Progrès du 30 août 2006 (116 ko)


Samedi 11 novembre 2006, à 17h30 salle François Lods au collège cévenol du Chambon-sur-Lignon

La Montagne de 1787 à 1940

Par François BOULET

Aborder l’histoire de la Montagne entre 1787 et 1940, c’est aborder les raisons directes et profondes de la montagne-refuge au cours de la Seconde Guerre mondiale qui suit. La chronologie sera reprise avec la sortie du Désert via l’édit de Tolérance, les soubresauts de la Révolution française et de l’Empire à travers un pays de prêtres réfractaires et de protestants. Tout au long du XIXe siècle, le Réveil protestant, notamment sur la commune de Mazet-Saint-Voy, et les relations complexes catholiques-protestants, de la mentalité à la politique, seront précisées de Tence à Saint-Agrève. On n’oubliera pas la révolution économique qu’apporte le chemin de fer départemental au début du XXe siècle. Une attention soutenue doit être portée aux traits caractéristiques d’un pays double. D’abord une foi et un front religieux plus vivaces qu’ailleurs. Ensuite, une vie socio-économique, à la fois archaïque dans ses attaches paysannes et ouverte à une modernité qui passe par des protestants de la ville ou de Suisse, moralistes et éducateurs via l’Oeuvre des Enfants à la Montagne du pasteur Comte, le pacifisme ou la Nouvelle École Cévenole créée par les pasteurs Theis et Trocmé. Ce mouvement original à la fois touristique, social et protestant touche tout le pays, même s’il se concentre sur le bourg du Chambon-sur-Lignon, métamorphosé dans l’Entre-deux-Guerres.